Thérapie thyroïdienne repensée : Le Dr Gerald Menschik explore le rôle du T3, T4 et T2 dans le cancer et le vieillissement

J’ai eu récemment le plaisir d’échanger avec le Dr Gerald Menschik, médecin à Vienne, dont les recherches et la pratique en thérapie thyroïdienne apportent un regard novateur, en particulier sur la prise en charge du cancer et du vieillissement.
Lors de notre entretien, le Dr Menschik a partagé des réflexions fascinantes sur le rôle différencié des hormones thyroïdiennes — en particulier le T3 et le T2 — par rapport au traditionnel T4, souvent prescrit en routine.
T3, T4 : des effets très différents
Le T4 (thyroxine) reste l’hormone de référence dans de nombreuses prescriptions, mais le Dr Menschik souligne que cette hormone, bien que fondamentale pour la croissance, notamment chez l’enfant ou pendant la grossesse, peut aussi stimuler de manière excessive la prolifération cellulaire lorsqu’elle est administrée à des adultes plus âgés.
Le T4 agit principalement via les récepteurs « intégrines » situés à la surface des cellules, favorisant la croissance et l’angiogenèse. Cela peut s’avérer bénéfique chez les jeunes, mais problématique plus tard dans la vie, notamment en cas de cancer.
En revanche, le T3 (triiodothyronine) agit surtout dans le noyau cellulaire, stimulant le métabolisme sans favoriser autant la prolifération cellulaire. Chez les patients âgés ou souffrant de maladies tumorales, il pourrait donc représenter une alternative plus sûre.
Le T2 : une hormone moins connue, mais prometteuse
L’un des aspects les plus étonnants de notre échange a concerné le T2, une hormone thyroïdienne peu connue, composée de deux atomes d’iode (contre trois pour le T3 et quatre pour le T4). Le T2 agit directement au niveau mitochondrial, ce qui en fait un excellent stimulateur de la combustion des graisses, du métabolisme et… un modulateur naturel de l’appétit — il le diminue, contrairement au T3 qui peut l’augmenter.
En pratique clinique, le Dr Menschik utilise le T2 depuis plus de 7 ans, notamment chez les patients ayant subi une thyroïdectomie ou ceux qui ne tolèrent pas bien les extraits thyroïdiens desséchés. Son action plus douce, mais efficace, en fait une solution très intéressante, notamment en cas de fatigue.
Adapter le traitement à l’âge et à la situation clinique
Un point essentiel du message du Dr Menschik : la thérapie thyroïdienne doit être personnalisée. Dans son centre à Vienne, les traitements sont adaptés selon l’âge et les besoins spécifiques de chaque patient :
- Chez l’enfant et la femme enceinte, des niveaux élevés de T4 sont nécessaires pour soutenir la croissance et le développement du fœtus.
- Chez les adultes âgés ou les patients atteints de cancer, il est recommandé de réduire le T4 (qui peut stimuler des cellules indésirables) au profit de T3 et de T2.
Formes galéniques et posologies adaptées
Pour améliorer la tolérance et la régularité des effets, le Dr Menschik prescrit des formes à libération prolongée de T3, préparées en pharmacie de manière personnalisée. Cela permet de ne donner le T3 que deux fois par jour, au lieu de six.
Quant au T2, il est souvent administré à des doses de 100 à 200 microgrammes, bien tolérées et sans effets secondaires cardiaques à ces niveaux. Il ne commence à influencer significativement la TSH qu’à partir de 300 microgrammes.
Vers une nouvelle ère dans la prise en charge thyroïdienne
Le travail du Dr Menschik souligne combien la prise en charge hormonale doit évoluer avec l’âge. En exploitant les différentes hormones thyroïdiennes — T3, T4 et T2 — et en adaptant les traitements aux profils des patients, il est possible d’optimiser l’efficacité tout en réduisant les risques, notamment ceux liés à la croissance tumorale.
Je remercie chaleureusement le Dr Gerald Menschik pour ses précieuses contributions. Son approche ouvre la voie à de nouvelles réflexions et stratégies cliniques, à l’intersection entre endocrinologie, médecine anti-âge et oncologie intégrative.